16èmes IHA Les films

 

16èmes Images Hispano-Américaines : les films de la sélection officielle 

Du 26 mars au 5 avril 2021

ARAÑA (La toile de l’araignée)

Chili, Brésil, Argentine / 2020 / 105’

Espagnol (Sous-titres français)

Réalisation   Andrés Wood   

Scénario  Guillermo Calderón, Andrés Wood     

Photographie  Miguel Littín

Montage  Andrea Chignoli

Musique  Antonio Pinto, John Kurlander  

Production  Bossa Nova Films, Magma Cine, Andrés Wood Producciones   

Distribution  Pyramide Films

Interprétation  María Valverde, Mercedes Morán, Caio Blat, Marcelo Alonso, Pedro Fontaine, Mario Hortón

 

Synopsis

Chili, années 70. Inès, Justo et Gerardo, la vingtaine, sont membres d’un groupuscule d’extrême droite, soutenu par la CIA et déterminé à renverser le gouvernement d’Allende. Ensemble, ils commettent un crime politique qui change l’histoire du pays et les sépare à jamais, mettant fin à leur triangle amoureux. 40 ans plus tard, Gerardo réapparaît... Inès, devenue une puissante femme d’affaires, fera tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le passé de remonter à la surface.

 

Critique

Construit en allers et retours entre les années 2010 et la période où communistes et militants d’extrême droite se livraient une guerre sans merci, le film nous embarque à la fois dans une histoire de triangle amoureux et de manipulation intime comme politique. Mercedes Morán campe avec brio une femme installée tremblant pour ses acquis, et trouve en María Valverde un double tout aussi amoral. Le double jeu permanent de ce personnage, dans le passé comme le présent, comme le caractère en apparence placide de Gerardo, parviennent à maintenir une vraie tension alors que se dévoilent peu à peu, par notamment de subtils parallèles, les dessous de la prise de pouvoir de Pinochet et la profondeur de la corruption actuelle. Un film passionnant dont le venin se diffuse doucement, et qui donne à réfléchir sur la précarité actuelle de nombreuses démocraties.

https://www.abusdecine.com/?go=&s=araña

BLANCO EN BLANCO

Chili, Espagne, Allemagne, France / 2019 / 100’

Espagnol (Sous-titres français)

 

BLANCO EN BLANCO

Prix Orizzonti du meilleur réalisateur / Mostra de Venise 2019

Grand Prix « Coup de Cœur » / Festival Cinelatino, Toulouse 2020

 

Réalisation  Théo Court   

Scénario  Théo Court, Samuel M. Delgado, Laure Desmazières

Photographie  José A. Alayón, Mauro Herce

Montage  Manuel Muñoz Rivas

Musique  Jonay Armas 

Production El Viaje, Don Quijote Films, Pomme Hurlante Films, Kundschafter Filmproduktion

Distribution  Stray dogs

Interprétation  Alfredo Castro, Lars Rudolf, Lola Rubio, Alejandro Goic, David Pantaleón

 

Synopsis

Une aura de fin de siècle plane au bout du monde, sur la Terre de Feu. On y annonce le mariage d'un latifundiste omnipotent, Mr Porter, propriétaire de ces terres dérobées aux autochtones et désormais imprégnées de violence. Un photographe d'une cinquantaine d'années s'y rend pour immortaliser cette union. Avec lui voyage une fillette, la future épouse, dont la beauté magnétique l'obsède. Cette obsession l'amènera à conclure un pacte, celui de trahir le pouvoir pour assouvir sa passion.

 

Critique

Pour son second long-métrage, Court a reconstitué les confins du Chili du XIXème siècle, et il l’a fait avec une esthétique très proche du romantisme du peintre allemand Friedrich, avec des intérieurs sombres et bleutés qui contrastent avec le blanc délavé et estompé, comme montré derrière un voile fantasmagorique. Une proposition photographique de José Ángel Alayón aussi risquée qu’élégante : chaque plan répond à un travail sur la lumière et à une composition élaborée en toute conscience, avec une grande attention portée au détail, et davantage centrée sur ce qui se cache que sur ce qui se voit. Avec l’entrée de la lumière, se révèlent les photos et les secrets. Le réalisateur place le spectateur derrière l’appareil photo - du point de vue du photographe, changement de format inclus - afin de le faire réfléchir sur la mémoire et la construction de l’Histoire, à travers ce qui est dans le champ et non de ce qui est hors-champ. Blanco en Blanco est une narration délicate et lente qui, au fur et à mesure qu’elle gagne en luminosité, devient de plus en plus sauvage et sèche, une réflexion sur l’Art qui n’est  humaniste que si les yeux de ceux qui le pratiquent et de ceux qui le voient sont  bienveillants.

Marta Medina, El Confidencial

https://www.elconfidencial.com/cultura/cine/2020-07-31/blanco-en-blanco-neowestern-estreno-cine_2700324/

 

EL CUENTO DE LAS COMADREJAS (La conspiration des belettes)

Argentine, Espagne / 2019 / 129’.

Espagnol (Sous-titres français)

Réalisation   Juan José Campanella

Scénario   Juan José Campanella, Darren Kloomok

Photographie  Félix Monti

Montage  Juan José Campanella

Musique   Emilio Kauderer, Irving Victoria

Production   100 Bares, Tornasol Films S.A., Telefe

Distribution   Eurozoom

Interprétation  Graciela Borges, Luis Brandoni, Óscar Martínez, Marcos Mundstock, Clara Lago, Nicolás Francella

 

Synopsis 

Une star de l’âge d’or du cinéma argentin, un acteur au crépuscule de sa vie, un scénariste frustré et un ancien réalisateur partagent une grande maison à la campagne. Ils mènent une vie paisible entre souvenirs et nostalgie, jusqu’à l’arrivée d'un jeune couple d’agents immobiliers sans scrupules, prêt à tout pour récupérer la propriété… Mais c’est compter sans la malice de ces septuagénaires…

 

Critique

Nous sommes là devant une délicieuse comédie noire dans laquelle Campanella aborde de multiples questions, avec un succès certain. C’est un portrait au vitriol de l’amitié et de l’amour, une analyse lucide des éternelles luttes entre générations, celle des jeunes ambitieux toujours prêts à prendre la place des plus vieux qui se défendent, forts de leur sagesse et de leur expérience. C’est aussi un hommage appuyé au cinéma argentin (plus particulièrement à une grande dame, Graciela Borges) et au cinéma classique hollywoodien, une exaltation de la vie et de l’intelligence. C’est aussi la revendication de l’art de la tromperie, une dénonciation sans ambages de la spéculation et du capitalisme sauvage. Mais, au-delà de tout cela, c’est un film très drôle, aux dialogues brillants, acérés, cyniques, à double ou triple tranchant, à l’interprétation souveraine de quatre acteurs en état de grâce qui, à eux tous, cumulent trois siècles d’existence, des tonnes de talent et d’expérience. Ce n’est pas à un vieux singe qu’on apprend à faire des grimaces… 

Alberto Luchini, El Mundo

https://www.elmundo.es/metropoli/cine/2019/07/11/5d26ea8afc6c831d518b464a.html

https://www.elmundo.es/cultura/cine/2019/07/09/5d23905521efa0dd798b459a.html

EL GUARDIÁN DE LA MEMORIA

Mexique / 2019 / 93’

Espagnol (Sous-titres français)

 

EL GUARDIÁN DE LA MEMORIA

Prix Ariel du meilleur documentaire / Mexico 2020

 

Réalisation  Marcela Arteaga  

Scénario  Marcela Arteaga  

Photographie  Axel Pedraza

Musique  Álvaro Ruiz

Production Gefilte Films, Al Fondo del Callejón, Estudios Churubusco, Chicken and Eggs Pictures

Interprétation  Carlos Spector

 

Synopsis 

Tandis que systématiquement l’Etat mexicain couvre ou commet des crimes, un avocat spécialiste de l’immigration au Texas, Carlos Spector, se bat pour obtenir l’asile politique pour les Mexicains fuyant la violence. Marcela Arteaga retrace l’histoire de ces familles qui ont décidé de cesser d’être des victimes et montre leur besoin de reconstruire un pays fracturé, de rendre hommage aux morts et de préserver leur mémoire pour survivre à l’exil. Profondément ancré dans le paysage politique actuel, ce film nous amène au pied du mur américain, à la frontière du Mexique, au cœur de l’immigration clandestine.

 

Critique

Qu’est-ce qui différencie ce documentaire de nombreux autres sur le même thème ? Ses propositions visuelles et sonores. La réalisatrice a choisi de ne pas montrer d’images sanglantes, des corps démembrés et autres atrocités, mais de proposer à la place une approche sensible des problèmes, des fenêtres ouvertes à la fiction, construisant des plans très composés, comme on le dit d’un bouquet, introduisant des éléments plastiques, par exemple celui de la fin du film, saisissant de beauté, créant ainsi une sorte de tendre ambiance, de rêverie que l’on avait rarement vues sur un tel sujet, le tout accompagné d’une musique qui nous emporte. Mais comme tout ne peut-être raconté aussi joliment, c’est l’avocat Carlos Spector qui sert de contrepoids en réunissant d’innombrables et pénibles témoignages. Ce documentaire passionnant montre les conséquences de la guerre perdue contre le Narcotrafic, la collusion entre le Gouvernement et des groupes criminels, et nous fait entendre la voix de ceux qui rêvaient d’être heureux dans le pays qui les a vus naître.

Sensacine El guardián de la memoria

EPICENTRO

France, Autriche/ 2020 / 107’

Espagnol (Sous-titres français)

 

EPICENTRO  

Grand Prix du Jury du Documentaire étranger / Sundance 2020

 

Réalisation    Hubert Sauper

Scénario  Hubert Sauper

Photographie  Hubert Sauper

Montage  Yves Deschamps, Hubert Sauper

Production   Groupe Deux, KGP, Little Magnet Films

Distribution  Les Films du Losange

 

Synopsis

Epicentro est le portrait immersif et métaphorique de Cuba, utopiste et postcolonial, où résonne encore l’explosion de l’USS Maine en 1898. Ce Big Bang a mis fin à la domination coloniale espagnole sur le continent américain et inauguré l’ère de l’Empire américain. Au même endroit et au même moment est né un puissant outil de conquête : le cinéma de propagande. Hubert Sauper explore un siècle d’interventionnisme et de fabrication de mythes avec le peuple extraordinaire de La Havane, en particulier ses enfants qu’il appelle “ les jeunes prophètes ”, pour interroger le temps, l’impérialisme et le cinéma lui-même.

 

Critique

Lors de la scène d’ouverture d’Epicentro, un homme fume le cigare, à moins que ce ne soit le vent qui le consume. Des vagues s’abattent en gerbes blanchies d’écume sur le Malecón (la jetée) qui protège La Havane. Dans le dernier plan, le même homme fume toujours un cigare incandescent. L’eau monte jusqu’au seuil des maisons. Les vagues sont devenues plus grosses. Est-ce à dire que la situation de Cuba a empiré ? Hubert Sauper ne nous dit rien. Il filme, un peu en retrait de son sujet, comme s’il redoutait d’être pris dans le dispositif spéculaire qu’il dénonce. Difficile de savoir, à la vision de ce documentaire poétique et déambulatoire, ce qu’il pense de la situation de l’île qu’il situe au croisement d’une « fake news » et d’une utopie…  Les bateaux de croisière semblent éventrer la ville lorsqu’ils entrent dans le port. Des milliers de touristes se déversent à la recherche des traces de la révolution, photographiant les ruines comme si elles étaient antiques, les enfants en guenilles comme s’ils étaient une attraction du syndicat d’initiative. Cuba se doit de briquer sa misère et sa légende pour faire entrer des devises. « Cuba pourrait être un paradis, mais c’est un pays fait pour les étrangers », regrette l’un des protagonistes de ce documentaire ambigu et interrogateur… Une femme, la trentaine fatiguée, confie face caméra : « Pour être heureux aujourd’hui, on boit et on danse la salsa ».  Qui croire ?

Philippe Ridet, Le Monde

LA CAMARISTA

Mexique / 2019 / 102’

Espagnol (Sous-titres français)

 

LA CAMARISTA

Prix du Jury / Festival International de Marrakech 2018

 

Réalisateur  Lila Avilés

Scénario  Lila Avilés, Juan Márquez

Photo  Carlos F. Rossini

Montage  Omar Guzmán

Production   Foprocine México, Bad Boy Willy

Distribution  Bodega Films

Interprétation  Gabriela Cartol, Teresa Sánchez, Agustina Quinci

 

Synopsis

Femme de chambre dans un luxueux hôtel de Mexico, Eve rompt la monotonie quotidienne de son travail en s’évadant à travers les objets laissés dans les chambres par les clients. Comme tous ses collègues, elle rêve d’être promue à l’étage 42, celui des suites les plus luxueuses réservées aux VIP. Malgré son sérieux et son application, elle est encore loin d’atteindre son objectif.

 

Critique

Lila Avilés possède cette capacité à créer un film dans le sens le plus large du terme, dans lequel la mise en scène, le maniement des caméras, le rendu final nous font pénétrer dans ce monde fascinant. La camarista est un film intimiste, plein de détails qui le rendent vivant et n’en font pas un film contemplatif même s’il est minimaliste, une œuvre attachante qui non seulement nous conduit à respecter le travail de ces gens qui se doivent d’être invisibles dans un hôtel, mais aussi à réfléchir aux rapports humains et aux inégalités dans le monde actuel.

Irving Torres Yllán, cine NT

LA CASA DE LOS CONEJOS

Argentine, France, Espagne / 2020 / 96’

Espagnol (Sous-titres français) 

Réalisation  Valeria Selinger  

Scénario   Valeria Selinger d’après Manèges, petite histoire argentine de Laura Alcoba

Photographie  Helmut Fischer, Leandro Martínez

Montage  Victoria Follonier, Valeria Selinger

Musique   Daniel Terrugi

Production Mirafilm, 5ème Planète

Distribution  5ème Planète

Interprétation  Dario Grandinetti, Miguel Ángel Solá,  Silvina Bosco, Guadalupe Docampo, Paula Brasca, Federico Liss, Mora Iramaín García

 

Synopsis

Laura n’a que huit ans mais elle sait déjà que pour survivre elle doit se taire. Même ses grands-parents doivent ignorer son nouveau nom et l’adresse de l’élevage de lapins qui sert de couverture à l’imprimerie clandestine où elle se cache avec sa mère et d’autres militants qui luttent contre la dictature et tentent d’échapper aux escadrons de la mort qui les recherchent.

 

Propos de la réalisatrice

A nouveau un film sur la sanglante dictature des années 70 en Argentine direz-vous ? Oui, mais cette fois, grâce à l’utilisation d’une caméra plus basse, c’est par le regard d’une enfant de 8 ans que nous découvrons cette période sombre de l’histoire du pays, et ce regard d’une fillette déjà un peu adulte qui doit comprendre des situations qu’elle ne devrait pas avoir à comprendre et qui sait qu’elle doit surveiller la moindre de ses paroles à l’extérieur de la maison, nous conduit, en nous sortant un peu du cliché du militantisme armé et de ce que furent les années 70, vers quelque chose de plus universel. Le film en lui-même est une histoire qui doit être relatée, non pas telle qu’elle s’est produite, mais comment cette fillette la vit. Et la seule manière de se souvenir d’événements aussi sanglants que ceux qu’a connus la société argentine est de les raconter et de les comprendre pour qu’ils ne se répètent pas. Faire un film en racontant cette histoire est une façon de raconter une partie de ce qui est arrivé en contribuant à la nécessité de construire la mémoire. Faire un film, écrire un livre, une note, c’est dire : la vraie politique c’est l’action, c’est ce qui peut produire de vrais changements.

Tiempo Argentino, Extrait d’un entretien avec la réalisatrice

LA FORTALEZA

Venezuela, Colombie, Pays-Bas, France / 2020 / 108’

Espagnol (Sous-titres français)

 

LA FORTALEZA

Prix du Jury / Festival Biarritz Amérique Latine 2020

 

Réalisation  Jorge Thielen Armand  

Scénario   Jorge Thielen Armand, Rodrigo Michelangeli  

Photographie  Rodrigo Michelangeli

Montage  Felipe Guerrero

Musique  Leila Bordreuil

Production  La Faena Films, In Vivo Films, Mutokino, Vicking Film 

Distribution  Réels Suspects

Interprétation  Jorge Roque Thielen, Yoni Naranjo,  Leudys Naranjo, Carlos Medina

 

Synopsis

Pour échapper à son alcoolisme et à la crise économique que traverse le Venezuela, Roque, la cinquantaine, retourne en Amazonie pour tenter de reconstruire un camp touristique abandonné il y a des années et affronter l’abstinence. Son grand ami de jeunesse lui tend la main en lui proposant d’extraire de l’or dans une mine illégale. Mais ses rechutes de plus en plus fréquentes l’entraînent toujours plus bas.

 

Critique                                             

La particularité de ce film est la dimension d’introspection familiale qui l’anime puisque le cinéaste a donné le rôle principal à son propre père qui joue une histoire largement inspirée de la sienne, qui porte en outre son propre prénom et dont le fils, réalisateur vivant au Canada, est interprété par le cinéaste lui-même dans une courte séquence. Jorge Thielen Armand contrebalance l’aspect de l’autofiction en développant une mise en scène où la caméra documentaire saisit tous les éléments de fiction dans le réel, pour créer une ambiance inquiétante au cœur de la forêt traversée par des hommes armés. La bande sonore vient compléter toute cette dimension invisible des démons intérieurs du personnage principal lors notamment de ses scènes d’excès éthyliques. Si le film est une belle opportunité offerte à un père d’interroger son image dans le regard de son fils en explorant la forteresse de solitude qui l’habite, il est également une possibilité d’entrevoir la métaphore de l’état social chaotique du Venezuela symbolisé par Caracas où, à deux reprises, le personnage principal est représenté errant ensanglanté avec des habits en lambeaux dans une indifférence générale, tandis qu’une foule de personnes faisant la queue près d’un grand graffiti d’Hugo Chávez est contrainte de fuir face à une menace non déterminée à l’image.

Cédric Lépine, BlogMediapart

LITIGANTE/Une mère incroyable

Colombie / 2019 / 97’

Espagnol (Sous-titres français)

 

LITIGANTE  (Une mère incroyable)

Prix du Meilleur Film, Prix du Meilleur Réalisateur / Festival de Cinéma de Chicago 2019

 

Réalisateur   Franco Lolli

Scénario    Franco Lolli, Marie Amachoukeli, Virginie Legeay

Photo   Luis Armando Arteaga

Montage   Julie Duclaux, Nicolas Demaison

Musique   Pierre Desprats

Production   Les films du Worso, STRAB Films, Evidencia Films

Distribution   Ad Vitam

Interprétation  Carolina Sanín, Leticia Gómez, Antonio Martínez, Vladimir Durán, Alejandra Sarria

 

Synopsis

À Bogota, Silvia, mère célibataire et avocate, est mise en cause dans un scandale de corruption. À ses difficultés professionnelles s'ajoute une angoisse plus profonde. Leticia, sa mère, est gravement malade. Tandis qu'elle doit se confronter à son inéluctable disparition, Sylvia se lance dans une histoire d'amour, la première depuis des années. 

 

Critique

On pourrait dire de ce film qu’il est une brève étude sur la femme ou peut-être une chronique, un essai, sur les relations presque toujours difficiles entre une fille et sa mère. Dans son ensemble, le film est très humain, très réaliste. Lolli fait preuve d’une grande habileté à transmettre de la vérité au récit de ses histoires, du naturel et de l’agilité à la caméra et d’une grande capacité à diriger les acteurs. De plus, il a pu compter sur le travail et le talent d’actrices très solides, subtiles et authentiques. Le spectateur peut facilement s’identifier à diverses situations et à différents personnages, un film beau et dur qui, sous son apparente simplicité, entreprend un parcours à travers de nombreux thèmes de société, émotionnels et psychologiques. Il parle aussi de la vie, comment nous avons décidé de la vivre, comment nous décidons à la place des autres, et de la même manière, comment nous décidons qu’elle ne vaut plus la peine d’être vécue. Un joyau de plus de ce réalisateur qui construit une cinématographie très originale parmi les productions du cinéma colombien.

LOS LOBOS

Mexique / 2019 / 95’.

Espagnol (Sous-titres français)

 

LOS LOBOS 

Grand Prix de la section Génération Kplus, FIC / Berlin 2020

Prix du Public / Festival Filmar, Genève 2020

 

Réalisation   Samuel Kishi Leopo   

Scénario  Samuel Kishi, Luis Briones, Sofía Gómez-Córdova

Photographie  Octavio Arauz

Montage  Yordi Capó, Carlos Espinoza, Samuel Kishi

Musique   Kenji Kishi Leopo 

Production Animal de Luz Films, FIDECINE, IMCINE 

Distribution  Bodega Films

Interprétation  Marta Reyes Arias, Maximiliano Nájar Márquez, Leonardo Nájar Márquez, Cici Lau

 

Synopsis

Max, 8 ans, et Leo, 5 ans, quittent le Mexique pour les Etats-Unis avec leur mère Lucía à la recherche d'une vie meilleure. Ils passent leurs journées à l'intérieur d'un petit appartement en attendant le retour de leur mère qui travaille sans relâche. Lucía leur fait la promesse de les emmener à Disneyland, rêve auquel ils s'accrochent durant leurs longues journées de solitude.

 

Critique

Documentaires ou fictions, nombreux sont les films qui ont été réalisés avec plus ou moins de bonheur sur le thème de l’émigration des Mexicains vers les USA, presque tous se déroulant à la frontière et relatant la difficulté de la franchir. Los lobos nous retrace ce périple, mais vu par le regard de deux enfants qui, avec leur mère, ont réussi à entrer dans ce qu’ils croient être le pays de cocagne et qui, une fois arrivés, vont faire la douloureuse expérience de l’exil et de la misère, au point d’ébranler leurs rapports, de vivre dans la solitude et le silence, mais en préservant, malgré tout, leur désir de s’en sortir, d’aller de l’avant, de triompher du destin négatif qui leur est assigné. Dialogues et images sont particulièrement bien travaillés et réussis. Pas de recherche esthétisante, seulement une caméra au plus près du sens et de la réalité du sujet, exigence que l’on retrouve dans le montage au service du rythme des scènes, de l’action et des dialogues. Autre atout de ce film douloureux et attachant : le jeu des acteurs, singulièrement celui des deux formidables Léo et Max, frères aussi dans la vie.

Berlinale 2020, extrait du dossier de presse

TANTAS ALMAS

Colombie, France, Belgique, Brésil / 2019 /137’

Espagnol (Sous-titres français)

 

TANTAS ALMAS

Etoile d’or / Festival de Marrakech 2019

 

Réalisation  Nicolás  Rincón Gille

Scénario  Nicolás Rincón Gille 

Photographie  Juan Sarmiento G.

Montage  Cédric Zoenen

Production  Medio de Contención Producciones 

Distribution  Best Friend Forever

Interprétation  Arley de Jesús Cavallido Lobo, Carlos Enrique Ávila Argota, María Amanda Vargas Barbosa, Óscar Carvallido Cuellar

 

Synopsis

De retour chez lui après une longue nuit de pêche, José découvre que les paramilitaires ont tué ses deux fils, Dionisio et Rafael, et jeté leurs corps dans le fleuve. José décide de rechercher leurs dépouilles pour leur offrir une sépulture et sauver ainsi leurs âmes d’une errance sans fin.  

 

Critique

Ce premier long métrage de Nicolás Rincón est une épopée mémorielle sur les traces de la guerre civile colombienne, une fiction sur la mort et l’absurdité de la guerre, profondément ancrée dans la vie bruissante du fleuve Magdalena. La trajectoire individuelle de ce père prend une dimension épique, convoquant les esprits des victimes comme celui du fleuve, ligne d’espace et de temps, véritable colonne vertébrale. Cette remontée du fleuve fait écho à bien des récits mythologiques. Pourtant, c’est l’histoire contemporaine de son pays qu’explore le réalisateur, guidé par José, passeur d’âmes et passeur de mémoire. Si le film et son récit qui progresse au tempo du fleuve sont d’un majestueux réalisme, quelques scènes, telles des tableaux, soulignent le caractère absurde et arbitraire de la folie des hommes. Les esprits du titre, insaisissables, hantent les flots et les berges du fleuve. Cette élégie est portée par José, incarné par Arley de Jesús Carvallido Lobo dont c’est le premier rôle. Il habite l’écran et cette jungle avec une présence forte et sereine.

Cineuropa

TIJUANA BIBLE

France, Mexique / 2020 / 92’

Espagnol (Sous-titres français) 

Réalisation   Jean-Charles Hue   

Scénario  Axel Guyot, Jean-Charles Hue 

Photographie  Jonathan Ricquebourg

Montage  Nathan Delannoy

Musique  Thierry Malet

Production  Les Films d’Avallon, Chaos Corp, La Torre y el Mar

Distribution  Ad Vitam

Interprétation  Paul Anderson, Adriana Paz, Noé Hernández, Giancarlo Ruiz, Alfredo Alvarado

 

Synopsis 

Nick, un ancien GI blessé en Irak, n’a jamais réussi à dépasser Tijuana sur la route du retour au pays. Echoué derrière le mur de la frontière, il mène une vie misérable. Un jour, il croise la route d’Ana, une jeune Mexicaine à la recherche de Ricardo, son frère disparu, et accepte de l’aider. Ensemble, ils vont plonger dans les bas-fonds de cette ville aux mains des narcotrafiquants pour tenter de remonter le fil qui les mènera au disparu.

 

Critique

Disons-le tout net, Tijuana Bible est un film âpre, dont le personnage principal est la Zona Norte, ce quartier de Tijuana extrêmement dangereux, sorte de cour des miracles où se croisent gringos, junkies et prostitués. Le film est une lente plongée dans la crasse et la chaleur d’un lieu de perdition, un endroit où l’on peut perdre la vie mais d’où émergent, comme des planches de salut, des instants de grâce et de spiritualité. Ce qui en fait la force, c’est la grande justesse avec laquelle le réalisateur, qui connaît la ville intimement pour y séjourner régulièrement et y avoir tourné plusieurs courts-métrages, arrive à dépeindre la descente aux enfers de personnages paumés, confrontés en permanence à la mort, mais aussi leur quête de rédemption. Il brosse des portraits d’un réalisme tellement stupéfiant qu’il confère à cette fiction un caractère quasi documentaire, d’autant, qu’en dehors des trois acteurs professionnels, le réalisateur a fait appel à des amateurs, devenus au fil des ans des amis (deux au moins d’entre eux ont été abattus par des cartels depuis la fin du tournage). Il en résulte un film intense, souvent éprouvant, que traversent par moments des jeux de lumière de toute beauté. La performance de Paul Anderson, habité par le personnage de Nick, est si  impressionnante que le spectateur ne sait plus si ce qu’il regarde relève de la vérité ou de la fiction.

4 thoughts on “16èmes IHA Les films

  • Sonnerat Florence

    La Camarista: 1er film visionné, 1er coup de coeur! Une entrée en matière surprenante et drôle qui donne le ton: un regard subtil et féroce sur les réalités sociales qui nous amène en douceur, dans une esthétique impeccable et à travers une interprétation magistrale à réfléchir sur ce qu’est une existence réellement confinée . Un plaidoyer pour la dignité et davantage d’équité.

    • Bonsoir Florence, super ton enthousiasme. Il ne reste plus qu’à souhaiter à tous d’aimer et d’apprécier le cinéma hispano-américain.

  • La toile de l’ araignée d’ Andrès Wood
    Andrés Wood est à la fiction concernant les 50 dernières années de l’ histoire du Chili ce qu’ est Patrizio Guzman au documentaire sur ce même Chili . Andrés Wood avait , il a quelques années déjà réalisé un beau film Machuca , montrant le destin d’un enfant au tournant des années 70. Ici , l’ originalité de La toile d’ araignée tient à ce que l’ histoire court sur 50 ans et aussi que la vie intime des trois personnages s’ entremêle avec leur ambitions politiques. Le fascisme rampant est à l’ oeuvre et non seulement le triangle amoureux ne se repend pas , mais s’ enfonce encore plus dans la haine de l’autre à l’ aube de la vieillesse . Avec un final tragique la boucle est bouclée…
    Film didactique plein d’ enseignements sur l’ engrenage de la violence aveugle…
    La Camarista de Lila Avilés
    Le film est un huis- clos , à l’ exception du dernier plan où Eve , la malheureuse héroïne semble fuir l’ hôtel de luxe , où elle est employée , mais surtout exploitée , ravalée au rang de faire valoir…Le film nous montre le même quotidien fait des mêmes gestes répétitifs d’ Eve une modeste femme de chambre. Ses prétendues « amis » , que ce soit ses collègues ou les clients de l’ hôtel ne font que la solliciter pour accomplir des tâches qui les rebutent. Minitoyl qui semble être attachée à Eve va lui chiper l’ emploi que lui a fait miroiter sa supérieure hiérarchique , ne lui laissant qu’ une robe rouge tant convoitée qu’ elle échangera contre un jouet pour son fils! La camarista , c ‘ est Le Journal d ‘ une femme de chambre , version mexicaine!

  • Alexandre L'HERBIER

    Bravo et Merci pour cette excellente programmation digne de la quinzaine des réalisateurs de Cannes, d’un Certain Regard ou de la Sélection Officielle où j’avais l’habitude d’y aller afin de rencontrer les équipes de tournage, ou les acteurs. Riverain de Cannes, je vous écris de Nice. Cinéphile et enseignant d’espagnol franco-colombien, je recherche sans cesse des pépites du cinéma hispano-américain. Je constate une présélection de qualité, et le résultat d’un œil acéré de vrais connaisseurs. Ces 12 films, fruit d’une délicieuse sélection, et je suppose sévère, m’ont fait voyager à travers l’Amérique hispanique. Sont nominés los lobos, el cuento de las comadrejas, la Araña. J’ai vu en dernier tantas almas, et la quête de ce père pour ses enfants au fleuve Magdalena, dans des villages au sud du département de Bolivar, en Colombie qui auraient pu être issu d’un univers Macondien. Comme à son habitude, la nature, les personnages profondément torturés, déchirants, bouleversants font partie de cet univers si particulier. On n’en sort pas indemne. Mais on en ressort vivant, et une autre personne après les avoir vus. Muchísimas gracias. Gratitud. Bendiciones.

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