film 5 EPICENTRO

France, Autriche/ 2020 / 107’

Espagnol (Sous-titres français)

 

EPICENTRO  

Grand Prix du Jury du Documentaire étranger / Sundance 2020

 

Réalisation    Hubert Sauper

Scénario  Hubert Sauper

Photographie  Hubert Sauper

Montage  Yves Deschamps, Hubert Sauper

Production   Groupe Deux, KGP, Little Magnet Films

Distribution  Les Films du Losange

 

Synopsis

Epicentro est le portrait immersif et métaphorique de Cuba, utopiste et postcolonial, où résonne encore l’explosion de l’USS Maine en 1898. Ce Big Bang a mis fin à la domination coloniale espagnole sur le continent américain et inauguré l’ère de l’Empire américain. Au même endroit et au même moment est né un puissant outil de conquête : le cinéma de propagande. Hubert Sauper explore un siècle d’interventionnisme et de fabrication de mythes avec le peuple extraordinaire de La Havane, en particulier ses enfants qu’il appelle “ les jeunes prophètes ”, pour interroger le temps, l’impérialisme et le cinéma lui-même.

 

Critique

Lors de la scène d’ouverture d’Epicentro, un homme fume le cigare, à moins que ce ne soit le vent qui le consume. Des vagues s’abattent en gerbes blanchies d’écume sur le Malecón (la jetée) qui protège La Havane. Dans le dernier plan, le même homme fume toujours un cigare incandescent. L’eau monte jusqu’au seuil des maisons. Les vagues sont devenues plus grosses. Est-ce à dire que la situation de Cuba a empiré ? Hubert Sauper ne nous dit rien. Il filme, un peu en retrait de son sujet, comme s’il redoutait d’être pris dans le dispositif spéculaire qu’il dénonce. Difficile de savoir, à la vision de ce documentaire poétique et déambulatoire, ce qu’il pense de la situation de l’île qu’il situe au croisement d’une « fake news » et d’une utopie…  Les bateaux de croisière semblent éventrer la ville lorsqu’ils entrent dans le port. Des milliers de touristes se déversent à la recherche des traces de la révolution, photographiant les ruines comme si elles étaient antiques, les enfants en guenilles comme s’ils étaient une attraction du syndicat d’initiative. Cuba se doit de briquer sa misère et sa légende pour faire entrer des devises. « Cuba pourrait être un paradis, mais c’est un pays fait pour les étrangers », regrette l’un des protagonistes de ce documentaire ambigu et interrogateur… Une femme, la trentaine fatiguée, confie face caméra : « Pour être heureux aujourd’hui, on boit et on danse la salsa ».  Qui croire ?

Philippe Ridet, Le Monde

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