« Rojo est un projet que j’avais en tête depuis longtemps, auquel ma fascination des années 70 n’est d’ailleurs pas étrangère. De plus, dans mon cas, s’ajoute une histoire familiale de persécution et d’exil encore très présente. Je voulais faire un polar sur un avocat amené à faire disparaître un homme rencontré par hasard. Mais derrière le polar, le film brosse le tableau de la situation sociale et politique d’un pays où règnent le silence et la complicité, aux heures sombres de son Histoire. L’Histoire n’est pas une photo figée à jamais ; il importe de toujours s’y intéresser, mais aussi de parler de la passivité des gens qui préfèrent regarder ailleurs lorsque des choses graves arrivent. Claudio, l’avocat interprété par Darío Grandinetti, peut choisir entre agir convenablement ou dans son intérêt personnel : il choisit toujours la seconde option. Quant au détective chilien interprété par Alfredo Castro, il représente un certain fanatisme d’extrême droite qui, à l’époque, a été présenté comme bouclier contre « la menace rouge » antipatriotique et athée. »

Benjamin Naishtat, Cinélangues.